La Porte des Enfers

Le vent hurlait sur la plaine enneigée du cercle infernal d'Aussonne ; Au milieu du blizzard se déplaçait une silhouette, discrète comme l'ombre de la souris sous la lune. Tout en courant vers le piton rocheux qui émergeait du blizzard, Hakim se souvenait de sa convocation a Alamut.

Son maître, Hassan ibn al-Sabbah seigneur des nizarîtes, l'avait appelé dans la chambre des prières. C'était une grotte taillée par la main des croyants, recouverte de tentures rouge sang, ornée de sourates, les vers du Coran étaient brodées de fils d'or. Le Vieux de la montagne, assis sur un trône de basalte, était tourné vers l'unique fenêtre de la pièce.. A travers le portail infernal qui donnait sur les terres de l'islam, dominait la forteresse d'Alamut. Soudain le seigneur des nizarîtes se détourna sur Hakim, son regard semblait transpercer son âme. Le maître parla d'une voix qui était à peine un murmure :

« approche croyant, j'ai une mission pour toi. »
« Tu ordonnes et j'obéis vénérable" répondit avec ferveur Hakim
"tu vas aller dans le cercle d'Aussonne et et trouver l'imam soldat Abdul ibn Muhammad ibn Marid. Offre lui ces présents au nom du Zakat, cadeaux d'un ismaélite à un frère dans la foi. »

Grâce à l'odeur et la fumée dégagées par les braseros, le nizarîte repéra le campement de l'imam sans aucune difficulté. Les soldats avaient installé leurs tentes à l'abri du vent et du blizzard, contre le flanc du seul piton rocheux de cette plaine.
Hakim entendit Jamal ibn Nesrîne, le guerrier poète égyptien récitait des sourates du jihad aux guerriers sanctifiés assis autour de lui. Il vit Mustapha le dubukim, célèbre pour avoir survécu à sept campagnes, assit
seul devant des flammes qui ne pouvaient le réchauffer. La tente de l'imam était facile à repérer, elle se dressait au milieu du campement, la seule qui était éclairée.

Hakim traversa le camp sans se faire remarquer des sentinelles, et observa les occupants de la tente. L'imam écoutait attentivement le rapport de son éclaireur berbère Salah. Il lui montrait, sur une carte grossièrement dessinée, le chemin le plus rapide pour sortir de ces plaines pour le moins hostile.

Derrière l'imam se tenait Farouk le pilier de la foi, le garde du corps ainsi que le plus proche conseillé d'Abdul. Hakim entra dans la tente, aussitôt Farouk mit la main sur son cimeterre, grondant, et l'éclaireur dégaina sa dague, se préparant à frapper.

- "Pauvres fous !, pensa Hakim, dégainant sa dague et son cimeterre, ils sont déjà morts et ne le savent pas. Nul ne peut égaler en combat les assassins d'Alamut."

Seul l'imam ne réagissait pas à l'intrusion de cet étranger. Hakim sentit un déplacement d'air dans son dos et esquiva sur le coté. Près de lui, né d'une soudaine bourrasque, une forme humanoïde tenait dans ces mains un immense sabre. L'imam était aimé de dieu, il était protégé par un des ses envoyés, un djinn.

Le nizârite s'inclina et déposa ses armes à terre :
-« salam malékum effendi ! Hassan ibn al Sabba m'envois vers toi, seigneur des croyants, avec son éternel amitié, ainsi que trois présents . »
-« assied toi croyant, partageons le pain et le sel. »

L'imam se leva et frappa dans ses mains, a cet instant une jeune femme habillée de voiles chamarrés et un vieil homme tenant un quanoun,pénétrèrent dans la pièce. L'homme commença à jouer un air triste. Farouk se plaça à la gauche de l'imam, un regard plein de haine vers Hakim. Salah apporta des victuailles a l'imam.Le djinn avait repris sa forme éthérée et réchauffa la tente, comme le vent du désert réfugié dans cet enfer glacé.

-« bien maintenant ; parle-moi de ces cadeaux que m'envois mon vieil ami » dit l'imam.
-« le premier est une potion faite de kiff et de prima matéria, elle permettra à tes hommes de pouvoir supporté les rigueurs du voyage. »
-« bénis soit ton maître, car mes guerriers subissent des maux bien trop important pour un croyant »
-« le second est un renseignement, voici une carte de la nécropole de kohut, où s'est caché l'assassin d'Ali, il vit actuellement au sein d'une tribu de squamates qui l'a engagée. »
A ces mots, les lèvres de l'imam s'ourlèrent d'un sourire carnassier. Il prit la carte et la tendit à Salah qui s'empressa de l'étudier.
-« soit remercié assassin, car grâce à ceci ma longue quête infernale est sur le point de s'achever. Mais sans vouloir me montrer impoli, tu m'as parlé de trois présents. Quelle est la dernière merveille que m'envois ton maître ? »
-« c'est le plus grand des trois présents effendi…..Moi. »